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Service public, service au public, service du public ?

Mercredi 13 Mars 2019

Communiqué du Réseau citoyen du Cercle Normand de l'Opinion



La lecture de la presse réserve des perles qui méritent de rester dans la mémoire des gens, sinon dans la postérité. Ainsi de la relation dans Paris Normandie du 6 mars 2019 qui raconte la rencontre entre le député Xavier Batut et le délégué aux relations territoriales de Seine-Maritime de la Poste, Florent Cristobal, à propos des dysfonctionnements actuels de la distribution du courrier. L’exemple local a, hélas, valeur d’exemple pour l’ensemble de la Normandie.

Le député de la 10circonscription de la Seine-Maritime se fait l’écho du mécontentement des… usagers (?), clients (?) de la Poste qui constatent une dégradation de ce service se disant public où l’on ferme certains bureaux de poste, où certains autres n’ouvrent que certains jours, où la distribution du courrier devient erratique, quelquefois supprimée certains jours (le lundi ou le samedi, notamment), bref où l’insatisfaction se généralise au point d’inquiéter le parlementaire vers lequel montent les protestations.

Et cela nous vaut cette époustouflante déclaration du haut responsable de cette nouvelle féodalité qu’est la Poste :

« Notre enjeu, c’est de désensibiliser au courrier. Moins on sera exposé aux baisses de courrier dans notre chiffre d’affaires global et plus l’entreprise sera pérenne ».

Désensibiliser, voilà un terme médical : les épistoliers doivent être des malades… Ils sont timbrés !

Et ce technocrate – car c’en est un ! – d’exprimer de façon méprisante que la distribution du courrier n’est plus le cœur du métier de ce qui fut jadis une véritable institution, les P.T.T. comme on disait, que c’était maintenant la distribution des colis… avec – ce qu’il ne dévoile pas – une augmentation exponentielle des tarifs postaux.

À titre d’exemple, et sans remonter loin :

Pour les lettres prioritaires : 0,58 euro en 2010, 0,60, en 2011, 0,63 en 2013, 0,66 en 2014, 0,76 en 2015, 0,80 en 2016, 0,85 en 2017, 0,95, en 2018 et 1,05 euro en 2019. Pour les lettres vertes, on passe de 0,55 euro en 2011 à 0,88 euro en 2019.

Le public en a-t-il pour son argent ? La réponse est évidemment NON !

Il faut, dit ce responsable, que la Poste « apporte de nouveaux services au domicile des gens ». Pourquoi pas ? Mais oublie-t-il de nous dire, le brave homme, que la Poste a largement déployé un secteur, lucratif celui-là, la banque, voire les assurances… Bref, que l’entreprise (on ne parle plus de service public dans ce cas-là) se rentabilise par ces nouveaux services. Mais ce n’est pas assez « performant » : alors il faut décourager les utilisateurs du courrier et, demain, ce seront les usagers des colis – car la Poste est, dans ce secteur, concurrencée par des entreprises privées plus efficaces et guère plus coûteuses.

Le personnel ne s’adapte pas, paraît-il : jusqu’à quel point cela concerne-t-il le « client » qui paie pour obtenir un service ?

État dans l’État, la Poste, véritable féodalité, a sa propre logique. Ce n’est pas celle du citoyen normand qui a réellement besoin d’un service pour lequel il consent des sacrifices financiers et qui est indispensable.


Yvetot, le 13 mars 2019

C.N.O.



La Rédaction